Dans le monde de la dératisation et de la désinsectisation, l’histoire ne se limite pas uniquement aux interventions techniques et aux méthodes de lutte contre les nuisibles. Depuis des siècles, des contes et légendes autour de ces créatures indésirables circulent dans de nombreuses cultures. Des rongeurs rusés aux insectes redoutables, ces récits peuplent notre imaginaire collectif. Pour changer un peu, nous vous proposons une plongée dans ces histoires fascinantes où rats, souris et autres insectes deviennent les héros – ou les méchants – de récits parfois étonnants, souvent instructifs. Préparez-vous à découvrir la face légendaire du monde des nuisibles !
La souris qui dansait avec le chat
Au temps où toutes les bêtes vivaient encore ensemble dans le même village, le père araignée donna un grand bal où il invita toutes ses connaissances, et ses voisins le chat et la souris. Tous les invités acceptèrent l’invitation avec joie car l’araignée était un fameux musicien. Il jouait fort bien de son petit violon et chantait à ravir. Dès les premiers accords, tous se mirent à danser. Nul ne pouvait s’empêcher de danser quand l’araignée jouait.
Il en alla de même ce jour-là. L’araignée faisait entendre ses accords endiablés et ses joyeux chants, et les danseurs s’en donnaient à cœur joie.
«Hop-là, hop-là! encore!» criaient certains. «Grâce, grâce, nous n’en pouvons plus», soupiraient les autres.
Mais l’araignée n’entendait rien et jouait, jouait, toujours plus gaiement, toujours plus vite! Bientôt, tous les couples abandonnèrent sauf le chat et sa voisine, la souris.
Ils tournaient, tournaient sans cesse et eussent sans doute tourné jusqu’à la fin des temps s’il n’était survenu un fâcheux incident : au cours d’un gracieux entrechat, la souris perdit sa jupe. Le vêtement glissa jusqu’à ses pieds, la malheureuse bête s’y empêtra et faillit choir.
Toute l’assemblée, à cette vue, éclata d’un rire moqueur, un rire qui n’en finissait pas! Seul, le chat ne riait pas! Furieux, il cracha : «Me mettre en si fâcheuse posture!» Et il se jeta sur la souris, toutes griffes dehors!
La malheureuse souris avait si grande honte qu’elle en était toute saisie. Et quand, de plus, elle vit le chat s’attaquer à elle, elle ne songea plus qu’à disparaître. Elle s’enfuit de toute la vitesse de ses pattes et se réfugia dans le premier trou qu’elle trouva.
Depuis ce jour, le chat n’est plus jamais retourné au bal avec la souris et celle-ci a établi sa demeure dans les trous des murailles.
Le chat et la souris
Il y avait une fois un gros chêne qui poussait au coin du bois. Le hibou avait installé son nid dans les hautes branches, la belette vivait dans un trou du tronc, le chat sauvage avait sa demeure dans les racines et la souris avait creusé son domicile bien profond dans la terre. Un jour, les chasseurs prirent en filet autant le chat que la souris et les piégèrent pendant la nuit. Ce fut ainsi que la souris le trouva au matin. Tout d’abord, elle en fut bien aise : le chat était son plus cruel ennemi. Mais son contentement fut de courte durée. Le hibou la guettait du haut des branches et la belette lui barrait le chemin de sa demeure. Quelle triste situation ! Si elle échappait aux serres du hibou ce serait pour tomber dans les griffes de la belette ! La seule chance de salut était de faire la paix avec le chat, aussi dit-elle :
« Écoute, tu es en grand embarras, mais ma situation n’est guère meilleure. Faisons alliance pour sauver notre vie ! Je puis, si tu le veux, ronger le filet qui te retient, mais tu me défendras du hibou et de la belette. »
Le chat convint de la chose : « Cela est vrai : tu as besoin de moi comme j’ai besoin de toi. Viens sans crainte près de moi. »
La souris s’approcha et le chat la prit tendrement entre ses pattes. Ce que voyant, le hibou et la belette, comprenant que la souris leur échappait, s’en furent chercher ailleurs une autre proie.
La souris se mit sur-le-champ à ronger quelques mailles, mais elle n’allait pas bien vite en besogne. Le chat s’en aperçut : « Que fais-tu donc, souris mon amie ? Pourquoi cette lenteur ? Voudrais-tu me laisser pris dans ce filet ? »
Et la souris de répondre : « Que non pas ! Je ne te laisserai pas dans ce piège. Mais j’ai grand-peur qu’une fois libre tu ne veuilles à ma vie. C’est ce qui ralentit mes mouvements. »
Cependant, la souris se leva et un chasseur apparut dans le bois. Voilà ce qu’attendait la souris ! Elle rompit les dernières mailles du filet, libérant complètement le chat. Celui-ci n’eut que le temps de se jeter dans les broussailles, sans se soucier de la souris dont il ne prit même pas congé. Mais la souris ne s’en offensa point, trop heureuse de voir le chat au loin et de sortir saine et sauve de cette aventure, elle s’en retourna bien vite à son trou.
Le moustique vainqueur du lion
Le moustique en avait assez d’entendre toujours le lion se vanter de sa force. Il s’en fut le trouver pour le provoquer en duel, en bourdonnant :
« Je suis plus fort et plus habile que cet animal ! »
Le lion, tout d’abord, se détourna du moustique sans lui prêter attention. Mais le moustique ne cessait de le harceler :
« Chasse ta couardise, lion, et accepte le combat ! »
À la fin, le lion gronda :
« À ton aise, moustique, mais ce sera ta perte ! »
Et il donna un coup de patte avec une telle violence qu’il aurait assommé un bœuf. Mais le moustique en sortit indemne car il s’était rapidement esquivé. Il en rajouta encore pour faire enrager le lion. Le lion attaqua encore une fois, mais encore en vain. À chaque coup, le moustique échappait et avait joué de l’agilité.
Le lion en devint fou : le rugissant en battant de-ci, de-là sa puissante patte ; le moustique bourdonnant et piquant de plus belle partout où il pouvait l’atteindre. À la fin, le lion en reçut autant qu’il en pouvait supporter : ses yeux enflés qu’il n’y voyait quasi plus et qu’il pouvait à peine respirer. Il pria :
« Cesse, moustique, je suis à bout de forces. »
« Tu vois bien, lion, répliqua le moustique heureux, que je suis le plus fort ! Tu en es le premier à le reconnaître. Je te l’accorde d’ailleurs. »
Et il s’envola, triomphant, pour annoncer à tous les animaux qu’il avait vaincu le lion.
Mais cette victoire avait enlevé la malheureuse petite bête de sa prudence. Volant à l’aveuglette, il se prit à la fine toile que l’araignée avait tissée entre les branches d’un arbre. Il avait vaincu le lion mais ne parvint pas à rompre cette fine étoffe d’araignée. Plus il se débattait, plus il s’y empêtrait.
C’est ainsi que le vainqueur du lion périt victime d’une araignée.
L’âne, le chien, le rat et la mauvaise chèvre
Un jour, une bonne vieille, en balayant devant sa maison, trouva un sou.
« Que vais-je acheter avec ce sou ? » grommela-t-elle. « Si j’achète des prunes, il me faudra jeter les noyaux ; si j’achète des carottes, il me faudra jeter les épluchures ; si j’achète des noix, il me faudra jeter les coques. Je vais acheter de la farine et me faire un gâteau. »
Elle acheta donc de la farine et se fit un bon gâteau. Au sortir du four, elle posa son gâteau sur la table devant la fenêtre pour qu’il refroidisse et s’assit devant la maison.
Mais quand la vieille fut sortie, une chèvre arriva, venant du pré ; alléchée par l’odeur du gâteau, elle entra par la fenêtre et le mangea.
Un moment après, la bonne vieille voulut rentrer pour se servir une part de son gâteau, mais pas moyen d’ouvrir la porte ! La chèvre était derrière et ne voulait pas la laisser entrer.
La malheureuse vieille se mit à pleurer et à se lamenter à fendre le cœur. Et ainsi, elle se lamentait à fendre le cœur quand vint à passer l’âne qui dit :
« Bonne vieille, qu’as-tu qu’il te fait pleurer à fendre le cœur ? »
« C’est la chèvre, qui ne me laisse pas rentrer chez moi », répondit la bonne vieille.
« Ne pleure plus, bonne vieille, lui dit l’âne pour la consoler. Cette chèvre, je vais la rendre à la raison ! »
Mais comment feras-tu ? L’âne a voulu lui faire entendre raison et n’a pas réussi. Le chien a voulu lui faire entendre raison et n’a pas réussi non plus. Comment toi, y parviendras-tu ? »
Mais le petit rat alla toquer à la porte :
« Qui est là ? » cria la chèvre.
« C’est moi, le rat ! »
Mais la chèvre n’avait pas peur du rat non plus et répondit d’un ton féroce :
« C’est moi, la chèvre, qui suis ici et j’ai deux bonnes cornes aussi. Si tout de suite tu ne prends la route, je te transperce d’outre en outre ! »
Mais le petit rat n’avait peur de rien et ne dit personne. Il se mit en colère et cria :
« Je te dis que c’est moi, le rat ! Je m’en vais te mettre en colère ! Si aussitôt tu ne prends l’air, je t’emporte ! »
Quand la chèvre entendit ce discours, elle en eut une très grande frayeur. Elle sauta par la fenêtre et prit la fuite. Le rat et la bonne vieille rentrèrent dans la chaumière et, désormais, y habitèrent ensemble. Et ils vécurent de longues années dans la joie et le bonheur jusqu’à ce que la mort les eût emportés.
Et il alla toquer à la porte.
«Qui est là ?» cria la chèvre.
«C’est moi, l’âne !»
Mais la chèvre n’avait pas peur de l’âne et répondit d’un ton féroce :
«C’est moi, la chèvre, qui suis ici et j’ai deux bonnes cornes aussi. Si rapidement tu ne prends la route, je te transperce d’outre en outre !»
L’âne, épouvanté, prit la fuite. La bonne vieille se rassit sur le seuil, pleurant et se lamentant à fendre le cœur. Vint à passer le chien. Quand il vit la bonne vieille pleurer, il demanda :
«Bonne vieille, qu’as-tu qu’il te fait pleurer à fendre le cœur ?»
«C’est la chèvre, qui ne me laisse pas rentrer chez moi», répondit la bonne vieille.
«Ne pleure plus, bonne vieille, lui dit le chien pour la consoler. Cette chèvre, je vais la mettre à la raison !»
Mais comment feras-tu ? L’âne a voulu lui faire entendre raison et n’a pas réussi. Le chien a voulu lui faire entendre raison et n’a pas réussi non plus. Comment toi, y parviendras-tu ? »
Mais le petit rat alla toquer à la porte : «Qui est là ?» cria la chèvre. «C’est moi, le rat !»
Mais la chèvre n’avait pas peur du rat non plus et répondit d’un ton féroce : «C’est moi, la chèvre, qui suis ici et j’ai deux bonnes cornes aussi. Si tout de suite tu ne prends la route, je te transperce d’outre en outre !»
Mais le petit rat n’avait peur de rien et ne dit personne. Il se mit en colère et cria :
«Je te dis que c’est moi, le rat ! Je m’en vais te mettre en colère ! Si aussitôt tu ne prends l’air, je t’emporte !»
Quand la chèvre entendit ce discours, elle en eut une très grande frayeur. Elle sauta par la fenêtre et prit la fuite. Le rat et la bonne vieille rentrèrent dans la chaumière et, désormais, y habitèrent ensemble. Et ils vécurent de longues années dans la joie et le bonheur jusqu’à ce que la mort les eût emportés.