Nous avons déjà eu l’occasion de revenir sur le terme même de « nuisible » et sur les évolutions de langage, avec l’usage plus précis du terme ESOD (Espèce Susceptible d’Occasionner des Dégâts) dans le cadre réglementaire (voir notre article.) Mais au-delà des mots, c’est bien notre regard sur les espèces qui mérite d’être affiné. Face à la présence ponctuelle d’un rongeur ou d’un insecte, faut-il toujours déclencher une intervention ? Chaque situation mérite d’être analysée au cas par cas, en tenant compte du niveau de risque réel et du potentiel de nuisance.
Quels risques les nuisibles peuvent-ils réellement poser ?
Avant d’envisager une action de lutte, il est essentiel de comprendre pourquoi certains nuisibles sont problématiques. Les risques associés varient selon le contexte : un lieu de vie, une cuisine de particulier, un entrepôt alimentaire ou une ligne de production industrielle n’auront pas les mêmes exigences ni les mêmes tolérances.
Chez les particuliers : des risques surtout sanitaires et psychologiques
Dans un cadre domestique, la présence d’un nuisible peut engendrer :
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Des risques pour la santé : les cafards peuvent transporter des bactéries (salmonelle, E. coli), les rats et souris peuvent propager des maladies comme la leptospirose, ou contaminer les aliments par leurs excréments.
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Des allergies : notamment causées par les acariens, les blattes, les larves ou les piqûres d’insectes.
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Des nuisances psychologiques : bruit dans les cloisons, stress, sentiment d’insécurité, gêne vis-à-vis du voisinage…
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Des dommages matériels : fils rongés par des souris, isolation dégradée par des fouines, etc.
Exemple : apercevoir une blatte forestière dans une salle de bain peut être impressionnant, mais cette espèce vit naturellement à proximité des maisons, ne prolifère pas à l’intérieur et n’occasionne aucun danger. Aucune intervention n’est nécessaire dans ce cas.

Dans les environnements professionnels : production, image et conformité en jeu
Dans les secteurs comme l’agroalimentaire, la restauration, la santé ou la logistique, les nuisibles représentent des risques majeurs :
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Risque de contamination des produits finis ou des matières premières.
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Non-conformité réglementaire : dans le cadre de certifications comme HACCP, IFS, BRC… une simple présence peut conduire à un refus de lot, voire à la suspension de l’activité.
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Atteinte à l’image de marque : une souris dans une salle de restaurant ou une mouche dans une cuisine ouverte peut entacher durablement la réputation d’un établissement.
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Détérioration des infrastructures : câbles rongés, isolants dégradés, zones de stockage souillées.
Exemple : une invasion de drosophiles dans une zone de conditionnement de fruits frais doit être traitée rapidement, car leur présence peut indiquer une mauvaise gestion des déchets ou un point de contamination.
Présence ne veut pas dire urgence : comment évaluer le risque avant d’agir ?

1. Quels critères observer pour juger de la gravité ?
Face à la présence d’un nuisible, plusieurs éléments permettent de déterminer s’il s’agit d’un phénomène isolé ou du début d’une infestation. Avant toute intervention, ces critères doivent être pris en compte :
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La fréquence : voir une souris une fois dans l’année n’a pas la même portée que des apparitions régulières.
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Le nombre d’individus : un insecte isolé est souvent anodin. Une prolifération, en revanche, doit alerter.
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Le type d’espèce : certaines sont naturellement présentes à proximité des habitations sans présenter de risque (ex. : blatte forestière, lézard, insectes du compost), tandis que d’autres peuvent être vectrices de maladies ou invasives.
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Le lieu d’observation : un nuisible dans une cuisine, une chambre d’enfant ou un site de production alimentaire pose des enjeux différents d’un jardin ou d’un local technique.
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Le contexte : la présence de personnes immunodéprimées, un établissement recevant du public ou une activité industrielle sensible exigent une vigilance accrue.
Le seuil d’acceptabilité : un concept clé à intégrer
Il n’est ni réaliste ni souhaitable de viser une éradication totale et permanente de tous les animaux jugés indésirables. La nature vit autour de nous, et certaines présences sont tolérables, voire naturelles. Le bon réflexe est de s’interroger sur l’impact concret de la présence observée, plutôt que de céder à une logique de traitement systématique.
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Pour un particulier, voir passer un rat en bordure de haie ou une araignée au plafond n’implique pas forcément une intervention. Ces cas relèvent souvent de l’observation ou de la prévention simple (rangement, nettoyage, bouchage des accès…).
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Pour un professionnel, notamment dans les secteurs réglementés (agroalimentaire, restauration, santé…), le seuil de tolérance est plus bas. Mais là encore, la réaction doit être proportionnée au risque réel.
Conclusion : agir, oui, mais avec discernement
Face à un nuisible, la tentation est grande de vouloir agir immédiatement. Pourtant, toute présence ne justifie pas une intervention. Il est essentiel de replacer chaque situation dans son contexte, d’évaluer le risque réel, et d’agir de manière raisonnée.
Chez Connen, nous sommes là pour vous accompagner dans cette démarche d’analyse. En cas de doute, n’hésitez pas à nous envoyer une photo avec son contexte par mail. Grâce à notre expérience de terrain et à notre approche basée sur la prévention et le conseil, nous vous aidons à faire la part des choses : distinguer l’anecdotique de l’inquiétant, l’inoffensif du problématique.








