Rappel sur les risques associés à la présence de rongeurs
1/ Les risques matériels :
Incendies
Les souris et les rats ont besoin de « se faire » les dents et rongent mobilier, aliments, livres… mais aussi câbles électriques. Il existe donc un risque de court-circuit, voire d’incendie. En plus de ce risque, cela peut entraîner la défaillance de l’équipement électrique et causer des temps d’arrêt de production. On estime à presque la moitié la part des entreprises qui constatent des dommages sur les circuits électriques causés par des rongeurs.
Atteinte aux locaux et stockage
Toute entreprise a besoin de stocker son matériel, ses matières premières ou sa production. En cas d’invasion de rongeurs, il peut y avoir un véritable péril pour l’activité, tant du point de vue de la sécurité que de la réputation de l’entreprise.
Généralement, les dommages sur les installations sont situés dans des zones accessibles difficilement, comme les murs, sous les planchers ou sous les plafonds. Ainsi, la réparation des dommages créés s’avère difficile et coûteuse.
2/ Les risques sanitaires
L’impact sur la santé humaine n’est pas à négliger. Le contact avec les urines, les excréments, la consommation d’aliments potentiellement contaminés, peuvent être à l’origine de nombreuses maladies :
- la Salmonellose, une intoxication alimentaire d’origine bactérienne
- le typhus murin qui a touché massivement Los Angeles en 2018
- la leptospirose, qui touche les animaux et les humains. Elle peut engendrer un syndrome grippal, une insuffisance rénale, des atteintes neurologiques, etc. La convalescence peut être longue (la maladie est mortelle dans 5 à 20 % des cas chez l’Homme).
- L’Hantavirus, un syndrome pulmonaire d’origine virale porté par les rongeurs (causant des troubles respiratoires sévères, des hémorragies, des affections des reins et parfois la mort) a récemment été détecté chez de nombreuses personnes aux États-Unis.
3/ L’impact financier
Une infestation de nuisibles peut avoir des coûts très élevés… Face à des infestations importantes, certaines entreprises se retrouvent contraintes de fermer pour des durées variables pour cause de raisons sanitaires. Les établissements voient leur image se dégrader, ce qui entraîne une baisse de chiffre d’affaires ! Enfin, les rongeurs peuvent endommager les stocks, ce qui aura également un fort impact sur les finances de l’entreprise.
Selon le rapport « Les rongeurs de France » (INRA 2003), 10 rats peuvent rendre impropres à la consommation 2 kilos de blé par jour. Plus de 19 milliards d’euros de produits alimentaires seraient détruits chaque année par les rongeurs et plus de 20% des récoltes mondiales de blé et de riz anéanties !
Règlementation
1/ La démarche HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point)
L’HACCP est né en 1960, grâce à l’aide la NASA, soucieuse de préserver les denrées alimentaires de toute contamination bactérienne pour tous leurs ingénieurs envoyés dans l’espace.
Elle consiste en l’analyse des dangers et des points critiques de l’activité en vue de leur maîtrise. C’est un processus en plusieurs étapes qui permet de contrôler l’hygiène dans les établissements, grâce à une approche systématique et préventive des dangers biologiques, chimiques et physiques.
Cette démarche est aujourd’hui symbole de sécurité sanitaire des aliments et est utilisée à l’échelle mondiale. Elle préconise avant tout des mesures préventives, des contrôles quotidiens et l’implication des équipes. En voici quelques points :
- analyse des dangers (chimiques, physiques, microbiologiques)
- points critiques
- moyens de maîtrise de ces points critiques
- mesures correctives
- revue des protocoles et mise à jour du plan de maîtrise sanitaire
Cette réflexion amène à s’interroger sur les fournisseurs et partenaires de l’activité de l’entreprise :
- producteurs d’aliments
- professionnels de bouche (restaurants, maraîchers, poissonneries, boucheries, épiceries ),
- entreprises de logistique et de stockage
- fournisseurs d’équipement et d’emballage,
- entreprises de nettoyage
- prestataires de lutte contre les nuisibles ou de désinfection.
L’HACCP se retrouve intégrée à la réglementation française et européenne par la directive 93/43/CE relative à l’hygiène des denrées alimentaires. Elle reste basée sur le volontariat, mais témoigne de l’engagement de l’entreprise en matière d’hygiène alimentaire.
2/ ISO 22000 et HACCP
ISO 22000 est une norme internationale, établie selon les principes ISO, relative à la sécurité de toute la chaine alimentaire. Elle est depuis 2005 la norme en matière de sécurité alimentaire et est basée sur les principes HACCP selon le Codex Alimentarius et les principes de gestion de l’ISO 9001. Tandis que les principes HACCP s’appliquent à la sécurité alimentaire, la norme ISO 22000 va justement plus loin et s’applique aux procédures en matière de management et aux structures de l’entreprise.
3/ Autre textes et normes
Les établissements qui remettent des aliments directement aux consommateurs doivent établir un plan de dératisation et désinsectisation (article 17 de l’arrêté ministériel du 9/05/95).
Le décret du 24 juin 2011 précise l’obligation de formation d’au moins un employé en matière d’hygiène alimentaire dans les établissements de restauration commerciale.
L’obligation de se protéger contre la présence d’insectes nuisibles et de rongeurs est définie dans les règlements sanitaires départementaux et la circulaire du 9 août 1978, articles 125.1 et 130.5.
L’IFS (International Food Standard), norme régissant l’hygiène et la sécurité alimentaire, est un référentiel assurant la qualité et l’hygiène des aliments de leur préparation à leur distribution. Selon son article 4.10 sur l’extermination des nuisibles, la société de dératisation qualifiée doit disposer d’un plan d’attaque mentionnant les éléments suivants : détails sur les pièges à installer, dispositions à prendre, nuisibles à traiter, produits utilisés et plan du local.
Les normes EN 16636
Elles ont été établies par la Confédération des associations européennes de lutte antiparasitaire. Elles ont comme objectif d’améliorer la qualité des prestations de la société de dératisation qualifiée. Ces normes effectives depuis le 04 mars 2015 régissent les stratégies adoptées pour lutter contre les nuisibles.
Exemples de dégâts majeurs causés par les rongeurs
En 2013, à Fukushima, les distributeurs d’électricité sont hors service, engendrant une paralysie du système de refroidissement de la centrale. En cause : un rat a rongé les câbles et créé un court-circuit. (Source : Radio France – Clara Lecocq Reale (19/02/2018))
En 2014, une collision entre un TER et un TGV près de Pau a fait 40 blessés. La cause : des rats ont endommagé des câbles au niveau de la signalisation. (Source : Radio France – Clara Lecocq Reale (19/02/2018))
Plus récemment, un incendie probablement provoqué par un rat s’est déclenché dans la nuit du lundi au mardi 25 mai 2021, dans les locaux techniques de l’hôtel de la Métropole de Lyon. Si les dégâts sont limités, le problème technique engendré a tout de même eu pour conséquence de mettre les employés en télétravail. L’hôtel de la Métropole est resté fermé au public. (Source Le Dauphiné libéré)